Ferdinand Springer, Écorché I, détail, 1940.

Trop beau pour rester dans l’oubli
Angelika Gausmann Sociologue de l’art

Parce qu’il dépasse largement la matière dans laquelle il se manifeste, parce que c’est l’œuvre de l’esprit et des sentiments qu’il conserve et transmet à travers le temps, l’art est la façon la plus pérenne de laisser des traces derrière soi. Des traces d’histoires singulières et de l’histoire universelle, telles que celles des artistes au camp des Milles.

La tuilerie des Milles – ce lieu où des milliers de réfugiés furent internés et plus de 2 000 d’entre eux, juifs considérés comme étrangers, déportés à l’été 1942 vers les chambres à gaz d’Auschwitz – s’est fait une place dans les mémoires parce que l’on y créa des œuvres d’art. Les peintures murales décrites par Christa Wolf dans « Transit : Ortschaften » furent réalisées dans le réfectoire des gardiens du camp. Depuis, elles sont devenues le symbole de l’internement et de la déportation dans le sud de la France et le témoignage authentique des êtres humains qui y furent internés. Nier ces témoignages, c’est nier le genius loci, c’est nier la collaboration franco-allemande dans la Shoah.

Dans sa Sociologie de l’art, Hans Peter Thurn fait remarquer que les œuvres d’art se chargent d’une force symbolique en ce qu’elles condensent l’environnement socio-culturel dans lequel elles ont vu le jour. Plongés au cœur du sujet, les artistes faisaient de la réalité du camp le matériau de leurs créations. Après l’édification du camp, une vie culturelle intense organisée par les détenus eux-mêmes s’établit rapidement autour des nombreux artistes et écrivains internés. Le cercle formé par Gert Caden, Robert Liebknecht et Peter Lipman-Wulf se retrouva régulièrement à partir de l’automne 1939 dans les catacombes. Le groupe des YMCA (Young Men’s Christian Association) ainsi que Karl Bodek, qui donnait des cours de dessin au camp, marquèrent la vie culturelle à partir de 1940 et jusqu’aux premières déportations.

Deux dessins à valeur documentaire ont pu être sauvés par leur auteur Leo Maillet (1902-1990), qui sauta du train le menant en déportation et survécut malgré ses graves blessures et la perte de son œil gauche. Ce n’est plus que par leur propos et les thèmes qu’elles abordent que les œuvres réalisées sur papier in situ font encore référence à ce que fut le camp des Milles. Par l’un de ses frottages sur des limes utilisées pour le travail à la tuilerie, Max Ernst tire même de son Loplop, l’alter ego sans défense, un chef-d’œuvre du XXe siècle : Apatrides. Avec les internés représentés en Écorchés, Ferdinand Springer crée « les mondes bis » dans un pur disegno florentin.

Lire un extrait du texte de Robert Mencherini.

Lire un extrait du texte d’Olivier Lalieu.

Lire un extrait du texte de l’Atelier Novembre.

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Mémoire du camp des Milles 1939-1942

Photographies
Yves Jeanmougin

Textes
Robert Mencherini
Angelika Gausmann
Olivier Lalieu
Atelier Novembre


Préface de Alain Chouraqui

Les photographies publiées dans ce livre ont été prises entre 2008 et 2012.

Livre relié 27 x 27 cm / 240 pages / 360 illustrations n & b et couleur
Métamorphoses / Le Bec en l’air (2013)
ISBN 978-2-916073-93-4

29 €

Également disponible en version anglaise :
Memory of the Camp des Milles 1939-1942

Édition réalisée en partenariat avec :

Logo de la FCMME et lien vers le site web du Site-Mémorial du Camp des Milles

et avec le concours du :

Logo du Mémorial de la Shoah

Cet ouvrage est disponible au Site-Mémorial du Camp des Milles
et en librairie ou directement auprès de :


Métamorphoses
Friche la Belle de Mai 41 rue Jobin 13003 Marseille

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meta@metamorphoses-arts.com

Angelika Gausmann Sociologue de l’art, membre du conseil scientifique de la Fondation du Camp des Milles – Mémoire et Éducation, Angelika Gausmann est Professeur d’art dans un collège. Après des études de pédagogie de l’art et de sociologie à Paderborn et Aix-en-Provence, elle obtient un doctorat consacré aux artistes du camp des Milles (Angelika Gausmann, Deutschsprachige Bildende Künstler im Internierungs- und Deportationslager Les Milles 1939-1942, Verlag Ch. Möllmann, 1997). Elle mène des projets de recherche sur l’art dans les camps de concentration.