Trop
beau pour rester dans l’oubli
Angelika
Gausmann Sociologue de l’art
Parce qu’il dépasse largement la matière dans laquelle il
se manifeste, parce que c’est l’œuvre de l’esprit et des
sentiments qu’il conserve et transmet à travers le temps,
l’art est la façon la plus pérenne de laisser des traces
derrière soi. Des traces d’histoires singulières et de
l’histoire universelle, telles que celles des artistes au
camp des Milles.
La tuilerie des Milles – ce lieu où des milliers de
réfugiés furent internés et plus de 2 000 d’entre eux,
juifs considérés comme étrangers, déportés à l’été 1942
vers les chambres à gaz d’Auschwitz – s’est fait une place
dans les mémoires parce que l’on y créa des œuvres d’art.
Les peintures murales décrites par Christa Wolf dans
« Transit : Ortschaften » furent réalisées dans
le réfectoire des gardiens du camp. Depuis, elles sont
devenues le symbole de l’internement et de la déportation
dans le sud de la France et le témoignage authentique des
êtres humains qui y furent internés. Nier ces témoignages,
c’est nier le
genius loci, c’est nier la
collaboration franco-allemande dans la Shoah.
Dans sa
Sociologie de l’art, Hans Peter Thurn fait
remarquer que les œuvres d’art se chargent d’une force
symbolique en ce qu’elles condensent l’environnement
socio-culturel dans lequel elles ont vu le jour. Plongés au
cœur du sujet, les artistes faisaient de la réalité du camp
le matériau de leurs créations. Après l’édification du
camp, une vie culturelle intense organisée par les détenus
eux-mêmes s’établit rapidement autour des nombreux artistes
et écrivains internés. Le cercle formé par Gert Caden,
Robert Liebknecht et Peter Lipman-Wulf se retrouva
régulièrement à partir de l’automne 1939 dans les
catacombes. Le groupe des YMCA (Young Men’s Christian
Association) ainsi que Karl Bodek, qui donnait des cours de
dessin au camp, marquèrent la vie culturelle à partir de
1940 et jusqu’aux premières déportations.
Deux dessins à valeur documentaire ont pu être sauvés par
leur auteur Leo Maillet (1902-1990), qui sauta du train le
menant en déportation et survécut malgré ses graves
blessures et la perte de son œil gauche. Ce n’est plus que
par leur propos et les thèmes qu’elles abordent que les
œuvres réalisées sur papier in situ font encore référence à
ce que fut le camp des Milles. Par l’un de ses frottages
sur des limes utilisées pour le travail à la tuilerie, Max
Ernst tire même de son
Loplop, l’alter ego sans
défense, un chef-d’œuvre du XXe siècle :
Apatrides. Avec les internés représentés en
Écorchés, Ferdinand Springer crée « les
mondes bis » dans un pur disegno florentin.
Lire
un extrait du texte de Robert Mencherini.
Lire
un extrait du texte d’Olivier Lalieu.
Lire
un extrait du texte de l’Atelier Novembre.
Avoir un aperçu du livre. (séquence Flash)
Mémoire
du camp des Milles 1939-1942
Photographies
Yves
Jeanmougin
Textes
Robert
Mencherini
Angelika Gausmann
Olivier Lalieu
Atelier Novembre
Préface de
Alain
Chouraqui
Les photographies publiées dans ce livre ont été prises
entre 2008 et 2012.
Livre relié 27 x 27 cm / 240 pages / 360 illustrations n
& b et couleur
Métamorphoses / Le Bec en l’air (2013)
ISBN 978-2-916073-93-4
29
€
Également disponible en version anglaise :
Memory of the Camp des
Milles 1939-1942
Édition réalisée en
partenariat avec :
et avec le concours du :
Cet ouvrage est disponible au Site-Mémorial du Camp des
Milles
et en librairie ou directement auprès de :
Métamorphoses
Friche la Belle de Mai 41 rue
Jobin 13003 Marseille
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bon de commande
meta@metamorphoses-arts.com
Angelika
Gausmann Sociologue de l’art, membre du conseil
scientifique de la Fondation du Camp des Milles – Mémoire
et Éducation, Angelika Gausmann est Professeur d’art dans
un collège. Après des études de pédagogie de l’art et de
sociologie à Paderborn et Aix-en-Provence, elle obtient un
doctorat consacré aux artistes du camp des Milles (Angelika
Gausmann,
Deutschsprachige Bildende Künstler im
Internierungs- und Deportationslager Les Milles
1939-1942, Verlag Ch. Möllmann, 1997). Elle mène des
projets de recherche sur l’art dans les camps de
concentration.